En 1954, Rachel Laforest débuta une liaison épistolaire avec le peintre Paul-Émile Borduas. Cette relation prit fin abruptement en 1960, laissant pas moins de 98 lettres qui dessinent une passion avec en toile de fond l’amour de l’art. Celle que Borduas appelle affectueusement « ma belle, difficile, affolante Rachel » restera, de son propre aveu, l’un des pôles importants de sa vie émotive. Leurs échanges, empreints de questionnements moraux et artistiques, scelleront une amitié inaltérable et libre, comme le deviennent parfois les amours impossibles.
Fascinés par la force de cet amour inaltérable et intrigués par les traces que laisse ce grand secret sur la vie de ceux qui leur survivent, Pascale Bussières et Jean-François Casabonne ont eu envie de donner vie sur scène à cette histoire passionnante. Avec la complicité d’Alexia Bürger, ils mènent une enquête poétique sans conclusion possible, une recherche archéologique pour capturer – à travers la correspondance des deux amants, les tableaux de Borduas et le témoignage du fils de Rachel Laforest – l’essence de cet amour unique, à part, isolé du regard des autres. Libérées du secret dans lequel elles étaient précieusement conservées, les lettres révèlent Rachel Laforest, telle une amoureuse comme seule l’histoire ou la littérature en décrivent.
Rachel Laforest, fille de Wilfrid Lazure, juge de la Cour supérieure du Québec, était l’épouse du peintre français Frantz Laforest. En 1948, le couple fait la connaissance de Borduas à son atelier de Saint-Hilaire. Six ans plus tard, Rachel Laforest est séparée. Elle élève seule son fils et entreprend une idylle éblouissante avec Borduas, qui va de l’automne 1954 à l’automne 1955. Désapprouvées par ses parents, ses amours avec le peintre québécois avant-gardiste à la réputation sulfureuse bouleversent sa vie. En 1955, Borduas s’installe à Paris. Les amoureux entretiennent alors une relation épistolaire dont les lettres dessinent une passion dans laquelle on découvre en Rachel Laforest une amoureuse telle que seule l’histoire ou la littérature en décrivent.
Figure centrale de l’art québécois et canadien, Paul-Émile Borduas a été le chef de file du mouvement automatiste, l’un des courants les plus féconds de la peinture d’avant-garde de l’après-guerre en Amérique. Réuni autour du peintre, un groupe de jeunes artistes peu connus, les Automatistes, lance le 9 août 1948 un manifeste au titre provocant, Refus global, qui marque l’un des temps forts de l’accession du Québec à la modernité.
Dramaturgie et mise en scène : Alexia Bürger
Avec Pascale Bussières + Jean-François Casabonne + un interprète
Assistance à la mise en scène : Stéphanie Capistran-Lalonde
Scénographie : Caroline Cloutier
Chorégraphie : Wynn Holmes
Conception sonore : Joseph Marchand
Éclairages : Sonoyo Nishikawa
Costumes : Mérédith Caron
Une production d’ESPACE GO
Première 2 Juin 2021